PHARES
Café Léa, une bande de « djeuns » a pris possession du lieu et redonné vie à ce coin de rue. Ici tout le monde cherche quelque chose que l'on ne peut concevoir qu'en changeant de miroir. Ils cherchent ce qui transformerait leur appréhension du monde, cette absence qui les fonde, cette babiole, ce machin qui comblerait leur manque de confiance dans la vie. Parfois le téléphone portable ou la cigarette suffisent. Dans une pénombre monochrome, ils se regardent, semblables à des phares de tristesse perdus en mer, comme si la terre ferme avait disparu. D'autres fois, ils s'agitent au son d'une musique endiablée, rythmée par le fou de service qui sert de barman et d'animateur sonore. Il a un tatouage écrit en caractères gothiques sur son avant-bras, le nom de son fils : Edgar . Au début, tout le monde pense que cet hurluberlu mégalomane s'est tatoué son propre nom, au cas où il l'aurait oublié après une nuit de beuverie, mais non, c'est le nom de son fils, et lorsque les jeunes filles l'apprennent, elles fondent. Elles sont toutes folles de lui.
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